Le bois est-il vraiment une ressource miracle ?

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« Les forêts représentent potentiellement 20 à 30% de la solution au changement climatique » a déclaré Lee White, Ministre gabonais de l’environnement lors du One forest summit en 2023. Or la déforestation augmente d’année en année et le marché du bois est en plein essor. Enjeu de la crise climatique, il apparait pour les industriels et les consommateurs comme une alternative au plastique ou au béton. Mais le bois est-il vraiment un choix plus éco-responsable ?

Comprendre la forêt pour appréhender les enjeux qui l’entourent

« Une plantation d’arbres n’est pas une forêt« , rappelle Marianne Kerfriden co-réalisatrice du  documentaire Ikéa, Le Seigneur des forêts. Il ne faut pas confondre les forêts secondaires exploitées pour les activités humaines et les forêts primaires. Une forêt primaire n’a jamais été exploitée ou défrichée (ou pas depuis plusieurs siècles). Elle présente donc une grande variété d’arbres et une riche biodiversité. Les plus importantes sont situées en Amazonie, Indonésie, Mélanésie ainsi que dans le bassin du Congo. L’Europe quant à elle a tant déforesté qu’elle n’a quasiment plus de forêt primaire, sinon celle de Białowieża en Pologne. Mais elle est aussi menacée de disparaitre.

Les forêts ont de grandes vertus. Elles sont – avec l’océan – le principal puits de carbone au monde. Elles le captent dans le sol et l’absorbent pour réaliser la photosynthèse et relâcher l’oxygène que nous respirons. L’ADEME estime que 20% des émissions de gaz à effet de serre (GES) proviennent de la destruction des forêts.

En France, la SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) compte sur ces dernières pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Elles capteraient sur notre territoire l’équivalent de 15 % des émissions annuelles de CO2 (Source : Ministère de l’Agriculture).

Or, comme le démontre le rapport annuel du Haut conseil pour le climat 2022, la capacité de stockage du CO2 de nos forêts aurait chuté de moitié en une décennie. Certaines ont même commencé à en émettre !

Il y a de nombreux facteurs pour expliquer cette diminution d’absorption du CO2. Nous pouvons citer les sécheresses à répétition, les maladies qui attaquent les arbres ou encore la déforestation.

Des forêts en mauvais état qui ne peuvent plus jouer leur rôle de régulateur dans la crise climatique…

La France a la troisième plus grande surface de forêt en Europe. Sa superficie a augmenté de 21% entre 1985 et 2021 (IFN), ce qui équivaut à la taille de la Bretagne.

Mais l’état de santé de nos forêts est préoccupant. Elles souffrent de stress hydrique, les sécheresses empêchent les arbres de grandir et donc et capter davantage de CO2. Le taux de mortalité des arbres augmente à cause du dérèglement climatique mais aussi des maladies et d’espèces invasives. Ainsi une mauvaise gestion des forêts a un impact direct sur les émissions de GES à l’échelle nationale. De plus, il ne faut pas oublier les coupes massives.

A l’échelle mondiale, d’après l’UNEP, le programme pour l’environnement de l’ONU, plus de 80% des forêts primaires ont été abattues lors du siècle dernier. Tous les ans une superficie équivalente à celle de l’Angleterre est déforestée : soit 15 millions d’hectares de forêts. C’est autant de sources de production d’oxygène et de captation de carbone en moins. Car les forêts secondaires, artificielles, productives, ne sont pas aussi efficaces avec leur biodiversité dégradée et des arbres massivement abattus pour répondre à une demande croissante.

… et une exploitation toujours plus importante qui accentue la crise

La France est la deuxième plus grande nation productrice de bois en Europe. Dans le monde nous en utilisons de plus en plus, pour nous chauffer bien sûr, mais aussi pour la construction de bâtiments, la fabrication de meubles ou de papier. La biomasse forestière se développe également pour produire de l’énergie à la place des énergies fossiles.

Le bois semble ainsi offrir une alternative écologique enviable au béton ou au plastique.

Cependant, la destruction des forêts primaires et la surexploitation des forêts secondaires entraînent des conséquences désastreuses :

  • Réduction de la biodiversité,
  • Érosion des sols,
  • Pollution de l’eau ou perturbation de son cycle,
  • Ralentissement de la captation de carbone.

En réponse, des initiatives responsables se développent. Aujourd’hui, 12% des forêts dédiées à la production de bois sont certifiées durables dans le monde.

La forêt au cœur de l’actualité

Des événements internationaux comme One forest summit sont organisés pour débattre de la préservation des forêts comme en 2023 au Gabon.

Dans l’Union Européenne, le bois est aussi au cœur du débat. Une vingtaine de pays, dont la France, demandent à alléger le règlement sur la déforestation importée. Adopté en décembre 2022, il devrait entrer en vigueur en fin d’année. Il prévoit d’interdire l’importation de produits issus de la déforestation en Europe comme le cacao, le café, le soja, l’huile de palme et bien sûr le bois. L’objectif est de sauvegarder les forêts primaires mais aussi de lutter contre l’exploitation illégale de bois.

Ainsi entre demande croissante des consommateurs, enjeux économiques et désastres environnementaux, les forêts sont au cœur d’enjeux essentiels pour les années à venir.

Le bois, pas vraiment une ressource miracle

Le bois, avec tous les avantages qu’il présente, apparait comme une ressource durable sur le papier mais la réalité n’est pas si simple. Utiliser cette ressource pour remplacer le plastique, le béton ou le pétrole se heurte à la disponibilité de cette ressource, à ses impacts sur la biodiversité et à son rôle majeur dans la captation de carbone. Ce dernier rôle pouvant être complétement inversé quand la forêt n’est pas gérée durablement.

Il faut donc prendre du recul face à certaines allégations environnementales sur le bois ou le biosourcé qui fleurissent sur nos produits de consommation. Nous risquons, en effet, d’être victimes de greenwashing. (Nous vous renvoyons sur ce sujet à notre article sur le guide des allégations environnementales).

L’approvisionnement en bois issu de forêts durablement gérées et labellisés (par exemple FSC et PEFC FRANCE ) est une des solutions pour mettre en place un sourcing responsable.

Une chose est certaine, toutes les entreprises doivent aujourd’hui se poser la question de leur impact sur l’environnement et sur la biodiversité. Les enjeux sont plus que jamais globalisés.

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Marie Duris

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