La consommation de produits bio repart à la hausse malgré un recul des surfaces agricoles

reprise consommation produits bio 2024
reprise consommation produits bio 2024

Après plusieurs années de recul, le marché du bio en France donne à nouveau des signes de reprise. En 2024, la consommation de produits issus de l’agriculture biologique enregistre une légère croissance, portée par les magasins spécialisés et la vente directe. Une reprise encourageante, bien que contrastée, dans un contexte où le nombre de surfaces cultivées en bio continue de diminuer.

Une consommation bio en hausse : +0,8 % en 2024

Les dépenses des ménages pour des produits bio repartent à la hausse en 2024, avec une progression de 0,8 % par rapport à 2023. Le marché atteint ainsi un chiffre d’affaires de 12,2 milliards d’euros, un signal positif après la crise inflationniste de 2019 qui avait profondément ébranlé le secteur.

Cette reprise est principalement portée par les enseignes spécialisées :

  • Biocoop : +8 %
  • La Vie Claire : +8 %
  • Naturalia : +4,7 %.

Malgré cette embellie, la consommation reste encore inférieure aux niveaux d’avant-crise, preuve que le bio n’a pas encore totalement regagné la confiance (et le budget) des consommateurs.

Des résultats contrastés selon les produits bio

Tous les segments du bio ne profitent pas de cette dynamique :

  • Légumes bio : +9 %
  • Vins bio : +8 %
  • Viandes bio : -6 %
  • Boissons sans alcool bio : -5 %

Ces écarts soulignent des tendances de consommation différenciées, où les produits perçus comme essentiels ou locaux (légumes, vin) sont privilégiés, au détriment de produits plus onéreux ou moins différenciés.

Le bio progresse… mais surtout en magasin spécialisé

La grande distribution semble en retrait face à la montée du bio. En effet, les magasins spécialisés connaissent une croissance de 6,5 %, soit 3,5 milliards d’euros de ventes. Alors que la grande distribution voit ses ventes de produits bio baisser de -5,1 %, avec 5,8 milliards d’euros en 2024.

Une des raisons majeures de cette différence réside dans la politique de déréférencement menée par certaines enseignes de la grande distribution : entre 2022 et 2023, le nombre de références bio a chuté de 7 % à 25 % selon les groupes. À cela s’ajoute un écart de prix important : en moyenne, un produit bio coûte 60 % à 70 % plus cher qu’un produit conventionnel.

Les commerces de proximité et la vente directe tirent également leur épingle du jeu, en répondant à une demande croissante de transparence, de qualité, et de circuits courts.

Le paradoxe : des surfaces bio en recul

Alors que la demande repart, les surfaces cultivées en bio diminuent pour la deuxième année consécutive. En 2024, la France a perdu 56 197 hectares de terres en culture biologique, soit une baisse de 2 %.

La part de la Surface Agricole Utile (SAU) consacrée au bio stagne autour de 10 %, bien loin de l’objectif de 21 % d’ici 2030 fixé par la loi d’orientation agricole votée en février dernier.

Une transition longue et coûteuse

La conversion vers le label AB prend en moyenne 2 à 3 ans, ce qui freine les vocations dans un contexte de réduction des aides publiques. Les soutiens de la PAC, du fonds Avenir Bio, et le budget de l’Agence Bio sont en recul, rendant plus difficile la transition des agriculteurs vers le bio.

Un bio majoritairement français

Malgré les difficultés, 71 % des produits bio consommés en France sont d’origine française, un chiffre qui grimpe à 84 % si l’on exclut les denrées tropicales (cacao, thé, café, etc.).

L’Europe avance

Contrairement à la tendance française, plusieurs pays européens connaissent une croissance soutenue du bio :

En Espagne par exemple, +11,8 % de surfaces en bio entre 2022 et 2023 (3 millions d’hectares). Et en Italie, c’est +4,5 %, avec 2,5 millions d’hectares.

En conclusion

La reprise de la consommation de produits bio en 2024 est une bonne nouvelle pour le secteur, mais elle masque une réalité plus complexe : la production biologique peine à suivre, freinée par une baisse des aides, un manque de soutien politique, et une rentabilité incertaine pour les producteurs.

Pour que cette reprise devienne durable, il faudra réconcilier la consommation et la production bio, en soutenant les agriculteurs dans leur transition et en rendant le bio plus accessible à tous.

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Marie Duris

RSE Conseil, communication et formation